Le réseau électrique, ce vaste maillage de câbles, de transformateurs, de lignes à haute tension et de postes électriques qui traverse nos villes et nos campagnes, est en train de subir une transformation radicale.
La modernisation du réseau électrique est au cœur de la transition énergétique, une révolution silencieuse qui promet de remodeler la façon dont nous produisons, transportons et consommons l’énergie.
Transition énergétique et réseau électrique : de quels bouleversements parle-t-on ?
L’État s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce qui comporte plusieurs mesures importantes.
Tout d’abord, il est nécessaire de mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles et d’accélérer le développement des énergies renouvelables (EnR).
De plus, il est prévu de relancer un programme nucléaire et d’améliorer la gestion de la consommation électrique afin de limiter la croissance des besoins électriques à l’avenir, en particulier en raison de l’électrification croissante des secteurs tels que les transports et l’industrie.
En d’autres termes, les sites de production d’électricité ne seront plus situés au même endroit et n’injecteront pas la même quantité d’énergie dans le réseau qu’auparavant.
Parallèlement, la demande en électricité devrait augmenter.
Cela pose la question de la préparation du réseau de transport d’électricité à cette restructuration des flux électriques et de sa capacité à anticiper les changements majeurs qui l’attendent dans le cadre de la transition énergétique en France.
Quels sont les changements majeurs évoqués lorsqu’on aborde la transition énergétique et le réseau électrique ?
Une nouvelle répartition géographique des sources de production d’électricité
Au cours des 15 prochaines années, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) prévoit des changements significatifs dans la répartition géographique des sources de production d’électricité.
Ces changements comprennent la fermeture de deux centrales à charbon et de plusieurs réacteurs nucléaires vieillissants, la plupart étant situés dans l’Est de la France.
De plus, l’EPR de Flamanville entrera en service, ainsi que huit parcs éoliens offshore, principalement situés dans l’Ouest de la France.
Il y aura également une forte expansion des énergies renouvelables (EnR) sur tout le territoire français, y compris dans des régions qui n’étaient pas traditionnellement productrices d’électricité.
Une plus grande variabilité des flux entrants
Les énergies renouvelables ne fonctionnent pas en continu et dépendent des conditions météorologiques.
Par conséquent, leur gestion nécessite une grande flexibilité pour capter l’électricité là où elle est produite en abondance et la transporter vers les zones où elle est demandée.
Un recours accru à l’import-export d’électricité en Europe
Les fournisseurs d’électricité ont de plus en plus recours au marché européen, que ce soit pour des raisons économiques, telles que l’achat d’électricité à moindre coût, ou pour garantir l’approvisionnement en électricité des Français en cas de pic de consommation exceptionnel ou d’arrêt soudain d’une centrale.
Une augmentation des besoins en électricité
L’électrification croissante de divers usages tels que la mobilité et le chauffage entraînera une augmentation des besoins en électricité, avec des projections allant de +17 % à +58 % d’ici 2050 selon les différents scénarios.
Cette hausse sera particulièrement notable dans certaines régions en raison de l’électrification des usines très énergivores, comme les aciéries, les cimenteries et la production d’hydrogène.
Comment préparer le réseau électrique à la transition énergétique ?
En optimisant les infrastructures existantes
Il est essentiel de dimensionner les infrastructures pour accueillir la production électrique des nouvelles centrales et répondre aux besoins croissants.
Cela peut impliquer le remplacement de lignes de 225 kV par des lignes de 400 kV, ainsi que la modernisation des postes de transformation avec une extension de leurs capacités de traitement.
Un exemple concret se trouve dans la Métropole lyonnaise, où la moitié du réseau a été rénovée et adaptée pour soutenir le développement de nouveaux quartiers et de l’activité économique, avec des actions telles que la création de nouvelles lignes, le remplacement de sept lignes par des câbles à plus haute capacité, et l’extension/modernisation de trois postes de transformation électrique.
En développant de nouvelles infrastructures
Certains projets sont visibles, tels que la construction ou le renforcement de dix interconnexions européennes d’ici 2035 ou le raccordement sous-marin de huit parcs éoliens offshore d’ici 2029.
D’autres projets, moins apparents, visent à connecter de nouveaux sites ou à renforcer la structure du réseau, notamment par la création de nouvelles lignes électriques et postes de transformation, ainsi que la mise à niveau des infrastructures existantes.
Rien qu’en 2020, sur un total de 105 942 km de lignes (aériennes et souterraines), 238 km de nouvelles lignes ont été construits et 24 nouveaux postes électriques ont été raccordés au réseau.
En numérisant le “système nerveux” du réseau électrique
En 2020, 36 % des postes de contrôle-commande de RTE étaient déjà numérisés, et le reste devrait être numérisé d’ici 2040.
Cette transformation permet d’apporter davantage d’agilité au réseau de transport d’électricité, ce qui s’avère essentiel pour relever les défis posés par les énergies renouvelables.
Quel est le coût de cette modernisation du réseau ?
RTE prévoit un investissement brut de 33 milliards d’euros d’ici 2035 pour moderniser son réseau, ce qui équivaut à une moyenne annuelle de 2,2 milliards d’euros.
Ces chiffres, bien qu’impressionnants en valeur absolue, nécessitent une mise en perspective :
La majorité des lignes à redimensionner étaient de toute façon en fin de vie, avec une moyenne d’âge de 50 ans, ce qui signifie qu’elles devaient être renouvelées.
Ce montant ne représente qu’une fraction relativement modeste (entre 16 % et 22 %) des 150 à 200 milliards d’euros nécessaires pour moderniser l’ensemble du système électrique, y compris la construction de nouvelles centrales de production d’énergie renouvelable et nucléaire.
Si la transformation du réseau électrique n’était pas réalisée conformément au calendrier prévu pour accueillir les nouvelles installations de production, cela pourrait entraîner des pénalités, des coûts supplémentaires, des pertes financières et des manques à gagner.
Il est donc crucial de respecter les échéances prévues pour éviter ces conséquences négatives.
L’importance de la modernisation du réseau électrique
la modernisation du réseau électrique est essentielle pour garantir la stabilité, la durabilité et la fiabilité de l’approvisionnement en électricité, tout en soutenant la transition vers un système énergétique plus propre et plus efficace.
Elle est un pilier fondamental de l’avenir énergétique durable.